Portrait d’éditeur – Les Éditions du Détour (mars 2021)
La Région Nouvelle-Aquitaine compte près de 200 éditeurs, qui abordent des thématiques variées dans des catalogues exigeants. Plus de trente d’entre eux ont choisi de former le collectif AENA (Association des Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine), dont les libraires de LINA sont bien évidemment partenaires.
Le réseau LINA, partenaire des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine, vous propose de (re)découvrir chaque mois un éditeur membre de l’AENA, sa ligne éditoriale, son catalogue, son équipe et son histoire le temps d’un portrait. Ce mois-ci, partez à la rencontre des éditions du Détour avec Juliette Mathieu, directrice générale.
Pouvez-vous nous présenter les Éditions du Détour, leur histoire, leur catalogue, leur ligne éditoriale ?
Bertrand Bernard et moi-même nous connaissons depuis plus de 20 ans. Nous travaillions chacun dans de grands groupes éditoriaux et nous voulions nous lancer dans l’aventure de l’édition indépendante : grande liberté, pas de filet. La maison a débarqué en librairie en mars 2017 et en fanfare, puisqu’un de nos trois premiers titres a tout de suite conquis les lecteurs : Voyage en misarchie d’Emmanuel Dockès. Nous avons aujourd’hui plus de trente titres à notre catalogue. Nous publions des essais, des documents, et à partir de la rentrée littéraire de septembre, nous publierons aussi deux romans par an choisis aux petits oignons. Toujours une dizaine de titres par an, pas plus, pas moins.
Comment travaillez-vous avec les librairies indépendantes ?
D’abord nous avons la chance immense d’être diffusés par le CDE dont les représentants, fins lecteurs et très professionnels, expliquent sans relâche aux libraires notre ligne éditoriale. Ensuite nous nous efforçons de rencontrer autant de libraires que possible, au fil des invitations d’auteurs, de nos déplacements dans une ville ou l’autre. Mon but est de rencontrer tous les libraires de Nouvelle-Aquitaine, car je crois fortement que l’ancrage local de la communauté professionnelle du livre est crucial. N’hésitez pas à me contacter ! Par exemple pour Rage against the machisme de Mathilde Larrère, livre d’histoire des luttes féministes, nous avons fait plusieurs rencontres en librairie et c’est typiquement la recommandation des libraires indépendants qui a fait le succès du livre auprès des lecteurs, qui en fait un indispensable du rayon féministe.
Parlez-vous de votre actualité
Notre livre de mars reflète bien notre politique éditoriale : Derrière la grande porte : une année à Henri-IV de Sarah Pochon. C’est avant tout le récit, très agréable à lire, comme si on était une petite souris dans la poche de l’autrice, d’une immersion d’un an dans le plus prestigieux et le plus élitiste lycée de France. Et c’est aussi un livre très sérieux sur l’éducation, écrit par une sociologue qui a enquêté sur place un an. On y apprend plein de choses sur ce qui fait l’élite, et le livre fait réfléchir à l’éducation que nous voulons pour nos enfants. À lire si on réfléchit à faire une classe prépa ou si on en a fait une !
Dans un autre registre, nous nous lançons dans l’ambitieux projet de republier les œuvres de Maurice Rajfus (4 titres par an, lancement en mai 2021). Ce nom ne dit rien aux jeunes générations, mais ce rescapé du Vél’ d’Hiv à 14 ans, historien et militant, a travaillé toute sa vie, sans peur de lever des tabous, sur les libertés publiques, les violences d’État, notamment policières. C’est grâce à lui notamment qu’on a pu comprendre le rôle de la police de Vichy pendant la Collaboration. C’était un homme très courageux et une belle plume, tout ce qu’on aime.
En savoir plus sur les Éditions du Détour
> Accéder au site des Éditions du Détour
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Les coups de coeur des libraires
RAGE AGAINST THE MACHISME
« Mathilde Larrère, nous propose une histoire du féminisme en France, de la révolution à aujourd’hui. Des combats pour obtenir le droit de s’armer, de s’éduquer, de voter, de décider pour soi même de son lieu de vie à l’usage de son propre corps : leur récit est vertigineux. On comprend comment les luttes s’enchainent, et comment la société se dresse vent debout, à chaque fois, pour s’opposer à toute avancée vers l’égalité. On mesure aussi la fragilité des acquis, et la persistance du patriarcat. Le texte est clair, accessible, la maquette attrayante. Ce titre a intégré les fondamentaux de notre rayon société. A mettre entre toutes les mains à partir du lycée. »
Librairie Lilosimages à Angoulême
RAGE AGAINST THE MACHISME
« Après son excellent « Il était une fois les révolutions » (éd. du Détour), Mathilde Larrère remet en scène l’histoire des luttes, en s’attaquant cette fois au combat féministe. Mêlant exigence historique et humour, ses chroniques retracent les revendications sociales ou physiques des femmes sur près de trois siècles. Souvent médiatisé, parfois négligemment oublié, le combat féministe est en perpétuel mouvement. Puisque l’ouvrage rappelle que les droits des femmes sont régulièrement remis en question, l’auteure suggère la vigilance, et nous, libraires, de mettre ce livre entre toutes les mains. »
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871
« En 2018 les éditeurs choisissent de publier en grand format ce texte essentiel sur la Commune -dont nous célébrons le 150e anniversaire cette année- soulignant ainsi leur goût pour une Histoire des peuples et des Révolutions.
L’intérêt de cette édition est certes de (re)découvrir ce récit au plus prés des Communards du journaliste Lissagaray (première édition publiée en 1876) mais également de profiter de l’expertise du préfacier Jacques Rougerie, éminent spécialiste de cette époque qui a fortement contribué à reconsidérer cet événement majeur de notre histoire.
Les éditions du Détour ont apporté un soin particulier à la présentation du texte, favorisant ainsi le confort de la lecture. »
