Portrait d’éditeur – Éditions Fanlac (juillet 2025)
La Région Nouvelle-Aquitaine compte plus de 200 éditeurs, qui abordent des thématiques variées dans des catalogues exigeants. Soixante d’entre eux ont choisi de former le collectif AENA (Association des Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine), dont les libraires de LINA sont bien évidemment partenaires.
Le réseau LINA, partenaire des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine, vous propose de (re)découvrir chaque mois un éditeur membre de l’AENA, sa ligne éditoriale, son catalogue, son équipe et son histoire le temps d’un portrait.
Ce mois-ci, partez à la rencontre des éditions Fanlac.
Comment décririez-vous l’ADN / l’identité de votre maison d’édition, son histoire et ses valeurs ?
Les éditions Fanlac, fondées en 1943 par Pierre Fanlac, imprimeur-éditeur, sont restées une entreprise indépendante et familiale. Ancrée en Périgord, la maison a construit un catalogue lié à la région mais ouvert au monde qui passe de la préhistoire à l’histoire, de la poésie aux essais. À une époque où les pratiques de lecture et les supports se transforment, nous continuons notre travail d’éditeur et nous conservons la même tradition tout en nous adaptant aux contraintes nouvelles. La publication d’ouvrages de référence ainsi que la pluralité du fonds permettent à la maison d’avoir une présence régionale et nationale tout en gardant la liberté de ton qui lui est propre.
Pourriez-vous nous parler du processus de découverte et de sélection des textes au sein de votre maison d’édition ? Que recherchez-vous chez un.e auteur.ice ou un manuscrit pour décider de sa publication ?
Nous recevons de nombreux manuscrits et nous efforçons toujours de répondre. Nous recherchons des textes qui correspondent à nos lignes éditoriales et permettent à la fois de donner une nouvelle image du Périgord mais qui peuvent également avoir une portée plus large. Ainsi, la rencontre avec le journaliste Clément Bouynet, qui nous a confié son travail sur les initiatives actuelles en Périgord, nous a permis de publier l’ouvrage Périgord, ici et maintenant. Nous avons également créé une relation de confiance et de fidélité avec certain.e.s de nos auteur-rices et nous sommes ravis de continuer le travail avec elles et eux, comme par exemple avec l’autrice Thalie de Molènes. Au fil du temps, nous avons publié six de ses ouvrages. À une époque où la surproduction est un sujet brûlant, nous sélectionnons avec beaucoup d’attention les textes que nous publions.
Pourriez-vous nous parler d’une publication récente qui incarne particulièrement la vision éditoriale de votre maison d’édition ?
Nous venons de publier deux textes inédits de Rachilde, regroupés dans le recueil La reine des abeilles. Ce recueil, le premier d’une collection, est né de la rencontre entre un texte, une chercheuse et une éditrice. Il correspond à la volonté de perpétuer et de renouveler la tradition des éditions Fanlac : publier des textes à la fois inédits et surprenants. Pierre Fanlac avait déjà édité en 1985 Rachilde, femme de lettres 1900 de Claude Dauphiné.
Rachilde est une femme de lettres française qui a vécu à cheval entre le XIXe et le XXe siècle et a écrit de nombreux romans et chroniques. Connue surtout pour ses ouvrages sulfureux et révoltés, elle nous révèle ses talents de conteuse dans ces deux textes inédits, accompagnés d’illustrations de Louise Mézel et de gravures de Maurice Albe.
Pourriez-vous nous parler d’une collaboration récente entre votre maison d’édition et une librairie indépendante qui vous a particulièrement marqué.e ?
La librairie “La Baignoire d’Archimède” nous soutient et met en avant de nombreuses maisons d’édition indépendantes. Les deux libraires nous ont invités à présenter notre maison ainsi que les ouvrages de William S. Merwin que nous publions depuis 20 ans en présence de Françoise Palleau-Papin, traductrice du dernier récit publié, Bergers. Ce poète américain a longtemps vécu dans le Causse du Quercy et en parle merveilleusement dans ses poèmes et ses textes en prose. Nous avons des relations fortes avec de nombreuses librairies indépendantes sur le territoire et sommes heureux de préserver la chaîne du livre.
Face à l’évolution de la chaîne du livre vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, comment votre maison d’édition se positionne-t-elle et/ou que met-elle en place ?
Nous nous efforçons d’imprimer en France avec des imprimeurs qui soutiennent les éditeurs indépendants dans leur travail comme par exemple l’imprimeur Pollina. Le tout dans des quantités raisonnées et raisonnables. Nous poursuivons nos réflexions en matière de choix de papier pour choisir le papier le moins gourmand écologiquement. Il reste beaucoup à faire et à imaginer pour prendre en compte les enjeux environnementaux actuels.
Quels sont les projets de votre maison d’édition, comment voyez-vous l’évolution de sa proposition ?
Nous souhaitons poursuivre la collection entamée avec La reine des abeilles, continuer à chercher des pépites inconnues ou oubliées et les proposer à des prix abordables et sous un format attractif. Nous aimerions également continuer le travail du fondateur Pierre Fanlac aussi bien dans la mise en valeur du territoire périgourdin que dans une approche nouvelle en sciences humaines et en poésie.