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Portrait d’éditeur – Éditions L’Escampette

Portrait d’éditeur – Éditions L’Escampette (septembre 2025)

La Région Nouvelle-Aquitaine compte plus de 200 éditeurs, qui abordent des thématiques variées dans des catalogues exigeants. Soixante d’entre eux ont choisi de former le collectif AENA (Association des Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine), dont les libraires de LINA sont bien évidemment partenaires.

Le réseau LINA, partenaire des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine, vous propose de (re)découvrir chaque mois un éditeur membre de l’AENA, sa ligne éditoriale, son catalogue, son équipe et son histoire le temps d’un portrait.

Ce mois-ci, partez à la rencontre des éditions L’Escampette.

Comment décririez-vous l’ADN / l’identité de votre maison d’édition, son histoire et ses valeurs ? 

Créée fin 1990 à Bordeaux, L’ESCAMPETTE en 2025 c’est : 35 ans de publication / quelque 280 titres disponibles / 150 auteur(e)s / 100% de littérature et 0% d’IA / des SLOW BOOKS pour une forme d »ÉCOLOGIE DU LIVRE.

Avec la complicité des libraires qui s’engagent à ses côtés, L’Escampette fait le choix du temps long en accompagnant dans la durée des livres déjà publiés, dont les stocks ont été conservés. Grâce à ses SLOW BOOKS, elle prolonge la promotion d’œuvres françaises ou traduites de langues étrangères. Partant du principe qu’un livre neuf imprimé il y a plusieurs années est toujours une NOUVEAUTÉ pour qui le découvre, et qu’il est de surcroît éco-responsable (aucune nouvelle ressource consommée pour son impression), L’Escampette fait le choix de ne (presque) plus publier (seulement, par an, 1 ou 2 nouveautés, et 1 ou 2 rééditions de titres épuisés). En s’inspirant de modèles vertueux dans le monde paysan, L’Escampette privilégie l’auto-diffusion, le contact humain et les relations personnelles avec les libraires. La plus grande partie de son catalogue est distribuée par les Belles Lettres.

Pourriez-vous nous parler du processus de découverte et de sélection des textes au sein de votre maison d’édition ? Que recherchez-vous chez un.e auteur.ice ou un manuscrit pour décider de sa publication ?

L’Escampette ne publiant plus qu’au compte-goutte, la maison d’édition fonctionne plus que jamais au (très grand) coup de cœur pour une écriture exceptionnelle (en prose ou en poésie).

Pourriez-vous nous parler d’une publication récente qui incarne particulièrement la vision éditoriale de votre maison d’édition ?

La publication de la dernière nouveauté remontant à juin 2022 (deuxième roman de la Libanaise Eliane Saliba Garillon), je préfère parler de la future parution à l’automne 2025 du long poème narratif de Philippe Brunet : LE RETOUR D’EIJIRÔ.

C’est le poème d’un helléniste franco-japonais (traducteur – entre autres – de L’Iliade et de l’Odyssée pour le Seuil) revenant sur le voyage de son arrière-grand-père nippon à travers la Sibérie. Il y fait le récit de son ancêtre nippon, Haga Eijirô, fils d’un samouraï déchu, arraché par la guerre civile à son fief de Wakamatsu, département de Fukushima. Après le début de l’ère Meiji et la suppression de l’ancienne féodalité, le fils, devenu médecin, fait un séjour à Berlin, achète la première machine à rayons X, et l’envoie au Japon, avant de rentrer par la Sibérie, à cheval, en 1898.

Prenant prétexte de cette traversée, le poème s’est développé dans une sorte d’écriture à la fois rétrospective sur l’enfance japonaise, sur l’histoire et la mémoire, et prospective, sur les désastres du XXsiècle. C’est une méditation sur l’intervalle qui sépare et unit l’Orient et l’Occident. Un poème-voyage, ou plutôt, une expérience immersive dans des sensations et des visions, un peu à la manière de « La prose du Transibérien » de Blaise Cendrars.

 

Pourriez-vous nous parler d’une collaboration récente entre votre maison d’édition et une librairie indépendante qui vous a particulièrement marqué.e ? 

Plutôt que d’une récente collaboration, j’aimerais évoquer la coopération très symbolique et chargée de sens établie, il y a quelques années, avec la librairie LES SAISONS à La Rochelle. Nous avions alors CO-EDITÉ avec Stéphane Émond deux rééditions d’ouvrages épuisés à L’Escampette : L’EAU MATE de Bernard Manciet, et ÉLOGE DE LA PALOURDE de Marc Le Gros, marquant ainsi la solidarité et le partenariat actifs entre deux acteurs indépendants (un libraire et une éditrice) de l’écosystème du livre. Je trouve cet exemple très inspirant, et serais heureuse de le renouveler avec d’autres libraires.

Face à l’évolution de la chaîne du livre vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, comment votre maison d’édition se positionne-t-elle et/ou que met-elle en place ? 

L’Escampette étant membre de l’association pour l’écologie du livre depuis plus de trois ans, c’est tout l’actuel projet de la maison d’édition qui intègre les enjeux environnementaux : imprimer en France / publier peu / refuser le pilon / s’engager pour une écologie de l’attention, etc., comme l’exprime sa nouvelle marque depuis 2020 : L’ESCAMPETTE LENTE & DURABLE.

J’ai eu l’occasion de présenter ces choix et orientations, dans le cadre d’une matinée professionnelle autour du thème  » Éditer écolo », organisée conjointement par l’AENA, Médiaquitaine et la bibliothèque de Bordeaux qui nous a accueillis le 17 avril 2025.

Quels sont les projets de votre maison d’édition, comment voyez-vous l’évolution de sa proposition ?

À partir de mai 2025, début d’un tour de France pour aller à la rencontre de libraires dans les différentes régions, jusqu’à l’été 2026.

Ayant repris la promotion du catalogue de L’Escampette en auto-diffusion (la distribution des livres reste assurée par les Belles Lettres), et lançant en 2025 la première campagne de 12 SLOW BOOKS dans une démarche affirmée d’écologie du livre, L’ESCAMPETTE va écrire une nouvelle page de son histoire à l’occasion de son 35anniversaire.