Portrait d’éditeur – Éditions Confluences (juillet 2021)
La Région Nouvelle-Aquitaine compte près de 200 éditeurs, qui abordent des thématiques variées dans des catalogues exigeants. Cinquante d’entre eux ont choisi de former le collectif AENA (Association des Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine), dont les libraires de LINA sont bien évidemment partenaires.
Le réseau LINA, partenaire des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine, vous propose de (re)découvrir chaque mois un éditeur membre de l’AENA, sa ligne éditoriale, son catalogue, son équipe et son histoire le temps d’un portrait.
Ce mois-ci, partez à la rencontre des éditions Confluences.
Pouvez-vous nous présenter votre maison d’édition, son histoire, son catalogue, sa ligne éditoriale ?
Les éditions Confluences ont été créées en 1994, à Bordeaux, avec le projet triple et complémentaire de publier de la littérature générale, des ouvrages sur le patrimoine de l’Aquitaine (puis de la Nouvelle-Aquitaine) et de la photographie. La Forme d’une ville, la première collection, rassemblait un écrivain (Allain Glykos, Jean Lacouture, Yves Harté, etc.) et un photographe (Anne Garde, Alain Béguerie, Vincent Monthiers, etc.) à propos d’un quartier de Bordeaux. Parallèlement, avec le Parc Naturel des Landes de Gascogne, nous nous sommes attelés aux Œuvres complètes du folkloriste et photographe Félix Arnaudin, qui nous ont occupés plus de 10 ans (9 volumes). Depuis, nous avons publié près de 400 ouvrages, avec une toute petite équipe mais un réseau qui n’a cessé de grandir.
Quelques titres, parmi d’autres, ont jalonné ces années : Une ville bâtie en l’air de Jean-Marie Planes, Au large des îles Fauts de William Margolis, Ce que manger Sud-Ouest veut dire de Christian Coulon, Le Coiffeur du Splendid Hôtel de Patrick Rödel, Montaigne les années politiques de Anne-Marie Cocula, Chaban et Bordeaux, sous la direction de Bernard Lachaise, Guide d’architecture Bordeaux Métropole, sous la direction de Michel Jacques, Roland Barthes, un été (Urt 1978) de Jean Esponde, la trilogie réalisée avec Jean-Luc Chapin, Cèpes, Chasseur Cueilleur et Pêcheur, Œuvre photographique de Félix Arnaudin, Les Mots d’Aliénor de Katy Bernard, etc.
Les années passant, j’ai considéré que les éditions devaient s’impliquer de plus en plus dans la diffusion du patrimoine ancien et contemporain, naturel et culturel, de la Région, particulièrement à partir de la réforme territoriale de 2015, qui a abouti à la création d’un territoire « à inventer », la Nouvelle-Aquitaine.
Ce projet se réalise à travers des collections : Patrimoniales, consacrée à des thématiques ou des lieux (Préhistoires de France ; Grotte de Cussac -30 000 ; L’Automobile à Bordeaux, 1945-2000 ; Peintures murales en Périgord, Xe-XXe siècle ; Histoire / histoires du jazz dans le Sud-Ouest ; Portraits de Bordeaux, etc.) ; Petits Glossaires et Petits livres (Préhistoire, Moyen Âge, Patrimoine, Gastronomie, etc.) ; Visages du patrimoine en Nouvelle-Aquitaine (par exemple Vauban, Blaye et le verrou de l’estuaire ou Saint-Sever) avec le Service de l’Inventaire ; Fiction à l’Œuvre, avec le Frac Nouvelle-Aquitaine, qui réunit un écrivain contemporain et une œuvre de la collection ; Traversées, textes littéraires anciens et contemporains ; Stèles, qui publie des livres un peu en marge : essais, entretiens, récits (La grotte est un corps (Dominique Pasqualini), Panatta regardait le ciel (Bernard Duché) ou Jean-François Dumont, une galerie à Bordeaux, 1984-1998 (Didier Arnaudet).
Si nous nous sentons ainsi impliqués dans la « mise en écrit et en image » de la Région, ce n’est pas simplement dans un souci de mémoire mais surtout dans une optique ouverte et contemporaine de l’usage du patrimoine. De ce point de vue, nos livres essaient progressivement de bâtir une « bibliothèque de papier » de la Nouvelle-Aquitaine, couvrant tous les champs de la création.
Comment travaillez-vous avec les librairies indépendantes ?
Je considère qu’il est important de soutenir publiquement les livres. Le lieu où le faire est la librairie. Au début des années 1980, pour la première maison d’édition que nous avions créées avec Olivier Cadiot et Pascalle Monnier, exclusivement consacrée à la poésie contemporaine, c’est à la librairie Mimésis à Bordeaux que nous l’avions présentée. Plus tard, à Bordeaux, j’ai noué des liens d’amitié avec Henri Martin qui avait fondé la Machine à Lire, nous y avons fait de nombreuses rencontres, créé un journal ensemble, Le Parlement, et j’ai installé les éditions au 13 rue de la Devise, quand La Machine a déménagé sur la place du Parlement, où elle se trouve toujours.
Ce lien avec les librairies, il s’est professionnalisé au fil des années, par l’intermédiaire de nos diffuseurs et distributeurs successifs, les Belles Lettres, Cap Diffusion, et aujourd’hui, depuis 5 ans, les éditions Cairn, qui sont devenues un vrai partenaire. En dehors de la Région, nous avons également, à Paris, une représentante et un comptoir de vente.
La relation éditeur-libraire est centrale : l’un choisit et produit, l’autre propose et vend. A eux deux, ils établissent une sorte de double sélection qui pose les vrais problèmes du passage des textes aux lecteurs. Cette relation, qui n’est pas sans difficultés parfois (sans doute accentuées avec la montée en puissance de la vente en ligne), met en évidence, par contraste, l’absence de sélection que propose souvent l’édition directe de textes numériques. C’est une question difficile, qui mérite un débat de fond entre auteurs, éditeurs et libraires.
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